3 choix…
3 choix…
C’est fou comme les réseaux sociaux peuvent être une source quasi infinie de matériels et d’idées pour les enseignants. Encore faut-il avoir le temps et l’énergie pour y consacrer plusieurs heures par semaine. De nombreux groupes dédiés à divers sujets ou diverses matières font légion. Il suffit de s’y inscrire et – autant que possible – d’y contribuer à notre modeste façon. Pas toujours facile entre la correction, la préparation de cours, les devoirs des plus jeunes, les sports et les activités des plus vieux et, surtout, les demandes extravagantes du ou de la conjoint(e) qui désire passer un peu de temps à nos côtés question de se rappeler de la couleur des yeux de son partenaire de vie.
Par contre, plus on est présent sur les réseaux sociaux pour des raisons professionnelles, plus on est également sur ces réseaux pour des raisons tout autres. Que ça soit pour partager ses expériences à l’intérieur d’un groupe dédié à la collection de boutons de porte en forme de betteraves ou encore pour regarder des vidéos de chats, ces réseaux peuvent également être des abysses sans fin où la bêtise humaine est reine.
En naviguant sur les réseaux sociaux à la recherche à la fois d’inspiration et de détente, il m’arrive de tomber sur des absurdités – et là, je ne parle pas d’un gars qui veut sauter dans sa piscine gonflable à partir de sa toiture en se tenant debout sur la gouttière -. Quoique, évidemment, la situation est insensée : la personne qui filme n’a pas plus de jugement que la personne qui s’apprête à sauter, car elle ne tente même pas de l’en dissuader. Elle rit plutôt à s’en éclater deux ou trois côtes en imaginant la catastrophe à venir. Mais bon, on ne peut pas tout critiquer dans un seul blogue! Lorsque je parle d’absurdités, je parle ici des propos complètement dénudés de sens, de jugement moral, de considération et d’éthique que l’on retrouve sur les divers réseaux sociaux. Des propos si vides de toute analyse critique et morale que j’en viens à me demander : « Que s’est-il passé avec le jugement et la compassion qui caractérisent l’espèce humaine ?»
Si de tels propos étaient tenus dans une salle de classe et que l’enseignant et la direction n’étaient pas intervenus rapidement – et de façon musclée -, ces mêmes personnes auraient été les premières à monter aux barricades et à dénoncer cet affront abominable avec véhémence et évidemment avec des propos encore plus diffamatoires. Mais je me demande réellement : « Que s’est-il passé avec le jugement et la compassion qui caractérisent l’espèce humaine ?»
L’hiver dernier, la vie s’est chargée de me rappeler que nous sommes tous fragiles et vulnérables en me forçant à prendre une pause santé. Pendant ce moment d’arrêt imposé, j’en suis venu à remettre en question mes certitudes et mes convictions ainsi qu’à réorganiser l’ordre de mes priorités. Pendant cette période d’introspection, j’ai pleinement réalisé qu’il existait deux certitudes à la vie : nous allons tous mourir un jour et la trace que nous laissons sera effacée à un moment ou à un autre. Nous serons tous oubliés un jour. C’est un triste constat, mais combien d’entre vous ont connu leurs arrières grands-parents ou connaissent encore aujourd’hui des gens pouvant leur en parler? Même les gens ayant marqué l’histoire à leur façon finissent par être plus ou moins oubliés. La preuve, qui peut nommer les quinze derniers premiers ministres du Québec ? Ou même les dix derniers ? Ou encore les cinq derniers ?
Ce malheureux, mais incontournable, constat m’amène à citer un grand sage, Gandalf le gris : « … c’est à nous de décider ce que nous ferons du temps qui nous est imparti. » Le seigneur des anneaux : La communauté de l’anneau. Si nous décidons de ce que nous allons faire du temps qui nous est imparti, alors ne perdons pas notre temps dans des fugacités. Si nous acceptons que notre passage soit éphémère, voire même fugace, alors la vie ne nous offre que trois choix :
1) Un égocentrisme démesuré
Tant qu’à être de passage, aussi bien profiter de tout, partout, et tout le temps. Malheureusement, avec le recul, je trouve que ça ressemble un peu à notre version actuelle du capitalisme. Cette option accorde très peu d’importance aux gens qui nous entourent. Notre bonheur individuel doit passer en priorité.
2) Laisser une trace plus profonde
Sachant que nous faisons face à une fatalité annoncée, nous pouvons tenter de repousser le plus possible le moment de l’oubli collectif. Tenter d’empêcher le vent de souffler la neige afin que la trace de nos pas dans la tempête persiste. Alors, on crée, on écrit, on chante, on danse…
3) Payer au suivant
Comme notre séjour sera de courte durée, pourquoi ne pas préparer le chemin pour les prochains. Tenter d’offrir aux survivants un monde meilleur, plus juste, plus beau. Ici, l’expression se sacrifier pour l’équipe prend tout son sens.
Je vous l’accorde, ces trois choix peuvent sembler bien simplistes, mais je crois qu’ils reflètent bien les options qui s’offrent à nous une fois qu’on prend conscience que dès notre naissance, le temps nous est compté et que c’est nous qui décidons comment nous l’utiliserons. Je vous entends déjà marmonner et dire : « Ben là, il faut bien s’amuser et prendre un peu de temps pour nous ! » Je vous répondrai : « BEN CERTAIN ! Pis pas mal à part ça ! »
Par contre, il y a vraiment quelque chose que je ne comprends pas. Je vous promets que j’ai vraiment tenté fort fort, mais je n’y arrive pas. Je ne comprends pas. Comment des gens peuvent perdre leur temps avec la haine ? Peu importe pour lequel des trois choix nous optons, nous n’avons pas de temps pour la haine, quelle qu’elle soit. Alors, pourquoi est-ce que sur les réseaux sociaux je vois tant de messages homophobes, islamophobes, québecophobes, xénophobes… ON N’A PAS LE TEMPS POUR ÇA ?!?
Pourquoi les gens ressentent-ils le besoin insatiable de mépriser les autres et ainsi de nous exposer leur propre ignorance et leur propre incompréhension ? Et pire encore, pourquoi les gens ressentent-ils le besoin de « partager » l’ignorance et l’incompréhension des autres?
Alors, s’il vous plaît, choisissez bien ce que vous ferez du temps qui vous est imparti et, de grâce, laissez les autres tranquilles et évitez les propos blessants et haineux, car ON N’A PAS LE TEMPS POUR ÇA.
Dominic Paul